Le 6 juin 2020, le Legacy Church Center à Cary, en Caroline du Nord, a organisé une marche de prières pendant laquelle une cérémonie de lavement des pieds a pris place : trois Blancs, représentant les péchés de la Blanchité, reproduisent le geste du Christ envers ses disciples en lavant les pieds des pasteurs afro-américains Faith et Soboma Wokoma, incarnant l’expérience Black, et plus largement les victimes du « suprémacisme blanc ». (Source : Olivier Moos, The Great Awokening, p. 34)
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Sur la scène publique, où l’on respire et transpire l’idéologie woke (et je suis consterné par le manque de distance critique d’amis, collègues, artistes et autres mondains, etc. qui se rallient (souvent par pragmatisme) et éprouvent enfin le bonheur de l’extrême conformisme, ils nagent, ils barbotent dans l’euphorie, ils se barbouillent de la foi nouvelle), se dégage une typologie comportementale sur la base de rituels. D’abord, le rituel épiphanique : la découverte que les sociétés occidentales sont le mal absolu (au cas où vous ne le sauriez pas) et qu’il convient de rejoindre le camp du Bien, croix et chapelet dans chaque main ; le rituel de la conversion : c’est le thrène de l’attrition et de la contrition du bon Blanc d’Amérique ou de l’Européen qui confesse ses hideux privilèges ; le rituel de la leçon – idéalement le WASP qui tente de prêcher à tous que l’histoire revient désormais aux vaincus et aux minorités au nom desquels et à la place desquels il parle (d’où tire-t-il ce privilège épistémique et énonciatif ? Nul ne sait…) Le soir, il rentre chez lui, allume la télé, et vérifie le cours de la Bourse ; enfin le rituel des excuses pour celle ou celui qui, faute d’être évangélisé à temps, doit se repentir aux yeux de tous après une grave faute voire un crime impardonnable – souvent au terme d’une campagne médiatique virulente de dénonciation et diffamation. Ces belles mises en scène des consciences politiques de notre temps. Celle qui me sidère le plus est la photo reproduite ci-dessus. Alleluia. Un vrai chef-d’œuvre.