Du reste, tandis que les mesures à la fois financières et épistémiques de « l’idéologie gestionnaire » (p. 178) au pouvoir continuent d’affecter à des rythmes et des degrés divers les disciplines, la cartographie universitaire a été en 2012 révélatrice des clivages en jeu : « les humanités ont été, pendant le Printemps érable, la locomotive de la grève » (p. 183) quand les sciences appliquées ou dures, sans être absentes, ont été sous-représentées. On se reportera au tableau 1 (p. 182) qui indique le nombre d’étudiants en grève aux dates des 9 mars et 12 mai 2012 : 66,7 % et 62,5 % (humanités), 18,2 % et 25,9 % (sciences sociales), 15,1 % et 11,6 % (sciences pures et appliquées). Sur cette base, Warren fait valoir le contraste entre universités en fonction de la morphologie disciplinaire des institutions : d’une part, en marquant que le printemps québécois n’a pas été uniquement francophone ; d’autre part, en soulignant les différents taux de participation à la grève en raison des poids disciplinaires : « On ne peut donc s’étonner que les protestations étudiantes aient été beaucoup plus bruyantes à l’UQAM qu’à l’Université de Montréal, et à Concordia davantage qu’à McGill, c’est-à-dire dans les établissements où les secteurs des sciences de la santé, pures et appliquées sont plus faibles » (p. 184). On pourrait raffiner si l’on disposait de telles données du niveau macro au niveau micro. L’essentiel toutefois ne résiderait pas tant dans les positivités statistiques que pour chaque discipline, ses sous-composantes et ses acteurs, dans le passage moins quantitatif que qualitatif de l’épistémologique au politique, leurs articulations discursives.
"L'écriture doit se ressentir de cette impatience, de cette obligation d'aller vite et en être un peu négligée" (Marguerite Duras, Outside, 1980)
Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.
Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.
D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.
Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.
Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.
Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.
Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.
CARRÉS DISCIPLINAIRES
Du reste, tandis que les mesures à la fois financières et épistémiques de « l’idéologie gestionnaire » (p. 178) au pouvoir continuent d’affecter à des rythmes et des degrés divers les disciplines, la cartographie universitaire a été en 2012 révélatrice des clivages en jeu : « les humanités ont été, pendant le Printemps érable, la locomotive de la grève » (p. 183) quand les sciences appliquées ou dures, sans être absentes, ont été sous-représentées. On se reportera au tableau 1 (p. 182) qui indique le nombre d’étudiants en grève aux dates des 9 mars et 12 mai 2012 : 66,7 % et 62,5 % (humanités), 18,2 % et 25,9 % (sciences sociales), 15,1 % et 11,6 % (sciences pures et appliquées). Sur cette base, Warren fait valoir le contraste entre universités en fonction de la morphologie disciplinaire des institutions : d’une part, en marquant que le printemps québécois n’a pas été uniquement francophone ; d’autre part, en soulignant les différents taux de participation à la grève en raison des poids disciplinaires : « On ne peut donc s’étonner que les protestations étudiantes aient été beaucoup plus bruyantes à l’UQAM qu’à l’Université de Montréal, et à Concordia davantage qu’à McGill, c’est-à-dire dans les établissements où les secteurs des sciences de la santé, pures et appliquées sont plus faibles » (p. 184). On pourrait raffiner si l’on disposait de telles données du niveau macro au niveau micro. L’essentiel toutefois ne résiderait pas tant dans les positivités statistiques que pour chaque discipline, ses sous-composantes et ses acteurs, dans le passage moins quantitatif que qualitatif de l’épistémologique au politique, leurs articulations discursives.