Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

vendredi 7 mai 2021

DIVERSITÉ, PARTOUT

       Double observation fascinante d’Isabelle Barbéris dans son très beau texte, L’Art du politiquement correct (PUF, 2019), sur les nouvelles idéologies identitaires des milieux culturels français. 1. Le transfert d’une problématique centrée sur la diversité du public à réunir pour les spectacles et le domaine du théâtre spécialement vers une « anthropologie et une esthétique de la diversité » pour laquelle il s’agit désormais de faire apparaître sur scène – en leur donnant droit – les minorités : un « pluriel différentialiste » (p. 51). Le lien entre la représentation artistique et l’acte de rendre visible la diversité, le report du principe butlérien de performativité-performance. 2. La création du Collège de la diversité en 2015 puis en 2017 les deux labels Égalité et Diversité, délivrés par l’Agence française de normalisation (AFNOR) au ministère de la Culture. Putain. Mais j’étais où, ces dernières années ? Ils se sont tous donnés le mot. L’idéologie qui enserre. La chape de plomb. 2017, l’année où se met en place au sein de l’État fédéral la bureaucratie EDI au Canada. La dynamique DEI (Diversity, Equity, Inclusion) se généralise quelques années auparavant aux États-Unis sur les campus et dans divers milieux socioprofessionnels. Cohérence. Cette bureaucratie s’articule étroitement à l’antiracisme qui, avec l’écologisme, est l’autre idéologie dominante de notre temps. PS. Note pour finir sur l’acronyme DEI qui devient au Canada EDI. Courant, bien sûr (comme pour LGBTQ2S+). Mais le signifiant compte, et, en l’occurrence, il est tellement fétichisé par la métaphysique segmentaire-identitaire, c’est à mon avis sans hasard si le Canada a choisi EDI et non DEI (outre l’esprit de distinction vis-à-vis des éternels voisins, il va sans dire). Equity, first. L’héritage du rapport Abella, temps fondateur, socle de la loi fédérale…