Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

mardi 31 mai 2022

SAVOIR/POUVOIR

   Délicieuse simultanéité. L’université au centre et avec elle, plus que jamais, la dynamique savoir/pouvoir. D’un côté, à Québec, finalisation très consensuelle autour de la version amendée du projet de loi 32 sur la liberté académique universitaire ; de l’autre, à la Chambre des Communes à Ottawa, charge du Bloc Québécois qui dépose une motion sur le programme des Chaires de Recherche du Canada contre la politique EDI du gouvernement fédéral : motion d’opposition (31 mai 2022) par le député Maxime Blanchette-Joncas. Un vrai chassé-croisé. Plus inquiétant : un dialogue de sourds entre deux sociétés aussi. Enfin : l’absence de réponse des députés de la majorité sur la question de l’ingérence du pouvoir dans l’autonomie des institutions et contre la liberté universitaire.

samedi 28 mai 2022

FEUILLETON LÉGISLATIF

   Du nouveau dans le calendrier du PL32 déposé le 6 avril 2022. Adoption de principe le 24 mai 2022 et nouvelle version amendée (?), on l’espère en tous cas au vu des dernières déclarations à ce sujet de la ministre McCann (La Presse, 10.05.2022), soumise de nouveau en commission parlementaire pour étude détaillée, le 31 mai prochain : http://m.assnat.qc.ca/fr/travaux-parlementaires/projets-loi/projet-loi-32-42-2.html. Vote probable, jimagine, si cette version 2 passe le test. À suivre en tous cas.

jeudi 26 mai 2022

COALITION

      Dans la ligne d’observation, cet objet inédit et significatif de notre temps, la CAFA ou Coalition for The Academic Freedom in the Americas (Mexique, États-Unis, Canada). Initiative conjuguée de la Universidad de Monterrey, Scholars at Risk (New York) et du Centre de recherche et éducation en droits de la personne à l’Université d’Ottawa. Réseau international plurilingue d’étudiants, de professeurs, chercheurs et activistes, concernant toutes les formes d’attaque ou de restriction à la liberté académique, du contexte brésilien avec Bolsonaro aux tensions idéologiques des campus états-uniens ou canadiens par exemple.

lundi 23 mai 2022

LE SENTIMENT DU PÉRISSABLE

    Ce qui m’inquiète le plus c’est qu’à mesure que s’abaissent ainsi les lignes de démarcation entre recherche et militantisme (et le cas de l’écriture inclusive est éloquent – le langage ne pardonne pas), on assiste à un recul des réflexes critiques dans le milieu, qui favorise l’entrisme des contre-savoirs (et spécialement du capitalisme cognitif néolibéral dont l’effet woke à mes yeux n’est qu’une variante). D’où cette obsession que j’entretiens en retour vis-à-vis de l’emploi piégé de critical comme manie lexicale et signe pseudo-théorique – loin de la prime version Horkheimer-Adorno dont elle se réclame. Pourtant, l’expérience doit servir de repère : les années 68 et par exemple Tel Quel et le maoïsme. Il n’est peut-être rien de plus périssable que les idéologies. Et l’on se demande, perplexe, ce qui restera comme « outils » dans les mains d’une génération qui ne jure que par la justice sociale – en vérité sa justice de classe.

HÉTÉRONOMIE

   Entretien avec Jonas Follonier de la linguiste féministe, Danièle Manesse, L’écriture inclusive est annonciatrice d’une tyrannie (Causeur, 30 mars 2022). Un travail-bilan de démystification critique dans la suite du volume collectif dirigé avec Gilles Siouffi (Le masculin et le féminin dans la langue, 2019) : plus un projet politique que linguistique – à mes yeux, c’est même littéralement une utopie – et le phénomène mérite d’être observé pour cette raison même ; et enfin l’argument de « l’inculture ». Il est vrai qu’il se vérifie régulièrement, les inclusivistes ayant une vision souvent approximative de l’histoire de la langue, pour ne rien dire des connaissances de base en sciences du langage. Mais malgré ces failles il me semble qu’on est au-delà de l’inculture, dans un ensemble de pratiques significatives reconnaissables : l’entrée dans le champ du savoir de discours hétéronomes – relevant entre autres du consulting et de sa mainmise sur le monde de la recherche, avec la connivence de certains acteurs de ce monde. À comparer peut-être entre la controverse française et l’état du débat nord-américain. Car le milieu universitaire est le premier artisan sinon responsable de ces amalgames. Les para-savoirs ou les contre-savoirs, la question inclusiviste n’étant elle-même qu’un révélateur d’une dynamique et d’une évolution plus larges et complexes qu’il me semble urgent de prendre très au sérieux. Autrement dit, parler dinculture, c’est vrai mais c’est manquer aussitôt le problème.

dimanche 22 mai 2022

AUTRE SOURCE

      À ajouter après Julie Assouly, dans le monde francophone, Pierre Vesperini, Que faire du passé ? Réflexions sur la cancel culture, Paris, Fayard, 2022. Mais quand même, dans tous ces travaux, les mêmes exemples employés, l’analyse ne décolle guère. Dans cet ensemble, Lussier détient toujours la palme de la nullité, la "pensée" people. Mon problème depuis le début : est-ce même un concept ? de quoi parle-t-on exactement ?

LE DIALOGUE INÉQUITABLE

   Encore un cas de conférence annulée, et il est toujours extrêmement savoureux de voir les Européens goûter un peu aux stratégies de ce qu’il est convenu d’appeler la cancel culture. Cette fois-ci, à l’Université de Genève, Éric Marty, éditeur de Barthes, à l’occasion de son livre Le Sexe des Modernes. Pensée du Neutre et théorie du genre (Seuil, 2022), accusé par certains activistes d’être transphobe : interruptions et altercations, notes de l’invité déchirées – les versions des faits ne semblent pas convergentes ; le rectorat dépose une plainte pénale. Du côté des militants, ce lieu commun en soi complexe, mais lié à la culture victimaire : l’existence d’un dialogue « inéquitable », jusqu’à remettre en cause l’art de la rhétorique de conférenciers médiatisés, etc. (Une nouvelle conférence jugée transphobe bloquée à l’UNIGE, qui porte plainte – Radio Télévision Suisse. 18.05.2022).

mardi 17 mai 2022

POÉTIQUE DES SAVOIRS

     Il y a pour moi à faire une poétique des savoirs, qui pèse de manière critique à la fois sur les politiques de la recherche et l’essor des contre-savoirs, l’épistémè capitaliste du consulting EDI, la promotion émotionnelle des savoirs expérientiels – des zones qui travaillent ensemble.

VIROLOGIE INTELLECTUELLE

      Aussi de Gad Saad, professeur à l’Université Concordia, Les nouveaux virus de la pensée: Wokisme, cancel culture, racialisme... et autres idéologies qui tuent le bon sens (Éditions FYP, avril 2022). Échange à ce sujet avec YG : la propension à l’usage non moins idéologique des métaphores biologiques ou organicistes (« virus » exactement comme chez Bock-Côté, ou même Lindsay) – qui déshistoricise d’emblée le regard sur l’objet, et oriente polémiquement l’analyse.

CANCEL

   L’irritation profonde que je continue d’éprouver devant ce mot impropre, et idéologiquement chargé, venu de la gauche, instrumentalisé par les culture warriors de la droite et de l’alt-right (voir l’entretien avec Stéphane Baillargeon) ; plus concept en devenir – à condition de le sortir de la polémologie publique ; les essais qui apparaissent ici ou là : Laure Murat, Judith Lussier et plus récemment : Julie Assouly, La Cancel Culture. Quand les États-Unis révisent leur histoire (Presses Universitaires de Clermont, 2022). 

LE NOUVEAU COGNITARIAT

     Une enquête statistique, même primitive, sur l’internet montre que le terme de « langagier » (comme substantivation de l’adjectif qui s’oppose à « linguistique ») fait valoir une place particulière dans la société contemporaine de la connaissance. Ceux ou celles qui se dénomment de la sorte participent à une économie souvent dématérialisée, à travers les pratiques de traduction, de révision linguistique, d’aide à la lecture ou à la rédaction, autant de services proposés aux particuliers, aux entreprises, aux administrateurs publics. On est loin de la cléricature universitaire. Il s’agit plutôt ici d’un cognitariat très spécialisé (souvent des travailleurs autonomes ou à métiers polyvalents) qui est particulièrement présent dans l’espace numérique, en raison de l’expansion des outils technologiques (blogs, pages web, etc.).

LE CV DES LANGAGIERS

     Dans le champ linguistique, ces consultants prennent le nom de « langagiers » et plus souvent de « langagières », un item lexical que j’avais déjà repéré. À titre d’exemple symptomatique le Guide de communication inclusive du réseau UQ, j’ai établi l’inventaire des formations (aucune ne répond à la discipline requise, sciences du langage ou histoire de la langue) : en plus de la rédactrice principale, Julie Gagné (philosophie et relations internationales), Martin Blais (Téluq), titulaire de la Chaire de recherche sur la diversité sexuelle et la pluralité des genres, a été formé en psychologie, sexologie et sociologie ; Anne Beaulieu (Université du Québec à Montréal) est diplômée en anthropologie et administration des affaires ; Caroline Savard (Université du Québec à Trois-Rivières) vient de l’histoire et de la sociologie, elle est formée également en administration internationale, analyse et développement des organisations ; Charlène Deharbe (UQTR) : maîtrise et thèse de littérature française ; Karine Gagnon (Université du Québec à Chicoutimi) : communication publique et gestion des organisations ; Anne-Marie Ouellet (Université du Québec à Rimouski) : histoire ; Alissa Lauriault (École de technologie Supérieure) : études internationales et développement économique communautaire ; Caroline Leblanc (École nationale d’administration publique) : maîtrise en science ; et enfin Émilie Macot (UQAM) : anthropologie, administration publique et certificat professionnel en « diversité et inclusion » obtenu à Cornell. Appellation à contrôler, émanant d’une institution états-unienne.

CONSULTANT ET SAVANT

     En vérité, ce qui vient en substitution de la figure du savant (et qui à terme risque de la menacer, à mon avis), c’est la figure du consultant qui vend ses compétences et ses expériences sur des bases qui ne sont pas nécessairement celles d’un capital épistémique sanctionné institutionnellement par les diplômes et les formations. Or c’est cette figure du consultant qui tend à pénétrer le monde universitaire – cas d’hétéronomie comme il en allait des intrusions du discours journalistique dans l’espace académique. Cette figure du consultant est inséparable des mutations du capitalisme – d’un capitalisme cognitif et dématérialisé.

LE REGARD SANS EXPERTISE

     Cette attitude de contre-savoir est bien illustrée dans l’article mentionné plus bas par une écrivaine et professeure de littérature, Martine Delvaux, qui réagit positivement à cette polémique de 2020. Elle déclare d’abord qu’elle « rêve d’un monde où le genre ne sera plus important » et justifie ainsi la démarche : « Il est formidable que ce travail soit fait par des experts du domaine du droit, que la langue épicène soit cooptée par le juridique et qu’il y ait des vases communicants. » On se demande bien ce que signifie ici le fait que la langue épicène soit cooptée par le juridique. Car en l’occurrence l’expertise des juristes se solde par une non-expertise linguistique. S’il y a avantage évidemment à (faire) entendre des questions que le linguiste de profession ne se pose pas, cette attitude comporte néanmoins des risques, même dans l’optique de l’usager en écriture inclusive. Elle entretient notamment l’illusion qu’il est possible de se dispenser d’un point de vue informé et spécifique sur l’objet langue, réglé sur un corps de principes et de concepts en partage et en débat dans la discipline concernée.

LES CONTRE-SAVOIRS

     Cette autre histoire que j’avais laissée de côté : une polémique en 2020 à la Ville de Montréal, les autorités municipales ayant sollicité les avis de Michaël Lessard et Suzanne Zaccour, rédacteurs d’une Grammaire non sexiste de la langue française, deux juristes militants qui ne sont ni linguistes ni grammairiens ni terminologues. Voir Émilie Dubreuil, Que défend la Ville de Montréal ? Le langage épicène ou le langage militant ? (Radio-Canada, 31 mai 2020) Par-delà l’effet de linguistique fantastique, la controverse est surtout révélatrice d’une demande qui ne distingue plus entre discours social et discours savant – et passe outre les exigences des disciplines, de leurs protocoles et traditions, mais aussi de leurs méthodes, outils, concepts, etc. Un cas parmi d’autres du rapport que la société actuelle entretient avec le savoir et les savoirs. Une tendance aux contre-savoirs ou para-savoirs.

AGENCE ET INFLUENCE

    Dans le même esprit, un Raphaël Haddad peut ainsi présenter son guide d’écriture inclusive au nom de Mots-Clés, son « agence de communication d’influence », et du travail conduit pour « ses client·e·s dans le cadre d’accompagnements en stabilisation, déploiement et attribution de formulations originales dans le vocabulaire ordinaire ou professionnel, entretenant leur position d’autorité. » (Manuel d’écriture inclusive, 2016, p. 4) – même si on peut s’interroger sur le sens exact de cette ronflante phraséologie.

AUDIENCE DESIGN

   Ce que le terme à la mode – celui de l’inclusion – doit au modèle de la communication, du design, de la publicité : la preuve par l’importation et l’expansion de certaines théories mises en pratique, la sociolinguistique de l’« audience design » développée notamment par Allan Bell (« Language Style as Audience Design », Language in Society, vol. 13-2, Cambridge University Press, 1984, p. 145-204). L’auteur considère sous ce terme les variations expressives qui ont lieu au cœur des interactions linguistiques. Il suit pour ce faire un modèle de communication – relativement rationnel bien que les combinatoires entre les instances peuvent se révéler complexes – qui s’organise par cercles concentriques autour du couple classique speaker (locuteur) et addressee (destinataire), mais également d’instances (actives ou passives) telles que l’auditor ou auditeur (mais non addressee, lui-même potentiellement speaker), l’overhearer, participant involontaire à la conversation, et encore l’eavesdropper, personnage indiscret ou illicite. Du dialogue ordinaire à la communication de masse, il s’agit dans tous les cas de repérer les « style shifts » ou ajustements stylistiques du discours qui s’opèrent en fonction du rang social occupé par les différents acteurs de l’échange, mais également les marqueurs d’identité ou d’appartenance (ingroup vs outgroup). Dans cette perspective, l’écriture inclusive par exemple participe d’une attention accrue dans la langue aux signaux d’empathie, de proximité ou de familiarité que le locuteur destine au public visé. Le mode de l’entreprise en a compris les avantages.

vendredi 13 mai 2022

L'AFFAIRE DRAPEAU

      Enfin, l’affaire de Martin Drapeau, professeur de psychologie à McGill, sort dans les médias avec force détails. Histoire terrifiante. Texte riche, informé et articulé d’Émilie Dubreuil : Martin Drapeau, un professeur en liberté d’enseignement surveillée (Radio-Canada, 13.05.2022). Ça fait boum partout au Québec. On est loin de la bullshit – c’est le mot – des recteurs d’universités, qui tiennent pour dérisoires les sondages de la commission Cloutier et voudraient nous faire croire à des épiphénomènes : circulez, citoyen, il n’y a rien à voir ! Bien sûr. On aura rarement entendu dans la bouche d'officiels autant de paroles irresponsables. À écouter lentrevue de Martin Drapeau non moins édifiante sur 98.5fm.

mercredi 11 mai 2022

MÉMOS

   Je mets le lien archive vers la lettre (complément ou continuité des deux articles coécrits dans La Presse et University Affairs) que j’ai adressée nominativement aux députés et membres de la Commission des relations aux citoyens au milieu des mémoires et textes déposés pour l’examen du projet de loi 32 sur le site de l’Assemblée nationale du Québec.

PL32 - AUDIENCES PUBLIQUES - COMMISSION PARLEMENTAIRE

         Suivi intense des consultations publiques menées au Parlement de Québec par la Commission des relations aux citoyens autour du PL32. Critiques et demandes marquées d’amendements mais la ligne qui s’en dégage est le consensus autour d’une loi. C’est probablement la commission Cloutier elle-même qui propose les mesures de correction et de compléments les plus adéquats et équilibrés : http://www.assnat.qc.ca/fr/video-audio/archives-parlementaires/travaux-commissions/AudioVideo-95077.html.

LE CHAMP DE BATAILLE

     Conversation il y a quelques jours avec le journaliste Stéphane Baillargeon sur la censure des livres dans le contexte des nouvelles guerres culturelles aux États-unis et plus largement en Amérique du Nord, la politisation des identités : autodafés, maccarthysme, wokeness, l’effet miroir entre la gauche et la droite, etc. Voir son article dans Le Devoir : Le livre comme champ de bataille (11.05.2022).

vendredi 6 mai 2022

ENTRETIEN RADIO SUR LE PL32

     Entretien d’Arnaud Bernadet avec Paul Fontaine, dans l’émission Quartier Libre (magazine indépendant des étudiantes et étudiants de l’Université de Montréal). Segment audio du 06.05.2022 : curseur à la 41.50 min – « La liberté universitaire ». Ce devait être initialement une table-ronde avec l’un des 120 signataires de la lettre ouverte du 23 avril dans La Presse (M. Delvaux et C. Larochelle). Hélas, aucun invité possible de ce côté-là…

jeudi 5 mai 2022

RÉPLIQUES ET CONTREPOINTS

      Le débat se poursuit autour des prises de position. Réponse d’Yves Gingras dans Le Débat au recteur Daniel Jutras : Le pouvoir d’autocorrection des universités a des limites (04.05.2022). Autre lecture du PL32 par Isabelle Arseneau et Arnaud Bernadet dans University Affairs : Les universités québécoises devant la loi (05.05.2022).