Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

vendredi 28 octobre 2016

PLANS


La cuillère en balancier. Le reflet difforme du visage. L’air de flûte. Le morceau de sucre. Bleu de Kryztof Kieslowski, bien sûr. Du moins est-ce à ces temps d’intensité, plus qu'au récit,  si corporels à traverser l'image elle-même, que du cinéma doit de fabriquer de la vie.

DIALOGUE AVEC UN VIRUS


Le petit corps malade lutte surtout de comprendre ce qui l’afflige si injustement depuis deux nuits. Il engage à force d’arguments organiques un long débat avec le virus, méchamment tapi derrière le vierge lisse de la peau. Au père d’assumer la douleur, paraît-il, et de répondre la fiévreuse volubilité par couplets rationnels et rassurants, tandis que défilent dans sa tête, bien malgré lui, les chapitres les plus pathétiques et sinistres de L’Enfant éternel.

TRANSHUMANCE


Au fond, l’octobre se résume par la transhumance des couleurs. Autoroutes jammées et habitacles au ralenti. Des feux arrière font surenchère dans l’énorme nuancier de la saison. Érablières, frênaies et sapinaies épuisent le dictionnaire du dicible, avant que les premières pluies et rafales ne déménagent la scène et ses accessoires, réduisant à la plus fine illusion ces périples de contemplateurs béats et très urbains.