Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

mercredi 19 mai 2021

WHITEGUILT AND BACKLASH

     Nouvelle étape des religions séculières, soit. Pour un travail complet, prendre le pouls à droite, chez les idéologues de la nation et les gardiens de l’ordre, ces autres mystiques de l’identité. La gauche a du mal à admettre que c’est elle qui censure – et généralise l’intolérance. Il n’empêche qu’il convient d’ausculter l’autre pensée par blocs et « gros concepts ». Les inévitables vitupérations de réactionnaires. Elles se valent les unes et les autres. Elles s’échangent les niaiseries. Elles appauvrissent l’espace public. Les démocraties vivent un grand moment de fragilité. On a pu le vérifier en janvier dernier. Et à mesure que progresse le courant woke dans sa version la plus dogmatique et ses dérives non moins absurdes, on peut s’attendre à terme à un backlash conservateur et raciste.  Et plus : les débordements haineux, les hystéries néo-nazies et cie, notamment sur les médias sociaux. Autre observation : en mettant à l’écart l’optique matérialiste, le paradigme culturaliste-décolonialiste hypothèque un des modes d’explication des recompositions globales, des déséquilibres Nord-Sud, à l’heure où les clivages et les injustices socioéconomiques entre continents et pays, à l’intérieur des sociétés, vont se multipliant de manière dramatique. La nouvelle idéologie ne laisse aucune prise pour saisir les mutations actuelles du capitalisme, elle ne peut que les dissimuler par l’entremise des identités. En plus d’une crise incontestable des gauches, on peut se demander à quelles fonctions répond cette foi, en priorité répandue sur les terres anglophones, mais pas seulement. Dans quelle mesure cela n’acte-t-il pas (et n’accélère-t-il pas) aussi le sentiment de déclassement des sociétés occidentales (le scénario dominant/dominé, sorte de conjuration théâtrale, qui sy  joue de manière interminable) – déclassement bien réel, ne serait-ce qu’au plan économique ?