Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

dimanche 27 août 2017

MANIE CRÉPUSCULEUSE


Au fil de la lecture (et ne devrait-on pas davantage parler de relecture(s), et d’une théorie de la relecture, d’un retour constant aux mêmes objets, aux mêmes pages, qui fait que l’on fréquente un nombre finalement assez restreint de livres, en essayant de les reprendre chaque fois d’un regard inhabitué), je relève dans le poème en prose de Baudelaire, « Crépuscule du soir », la littérale « manie crépusculeuse » (adjectif lui-même attesté comme rare par le TLF – qui cite les « rues crépusculeuses » dans la traduction des Histoires extraordinaires en 1856), parce que le crépuscule « excite les fous » – le « deuil profond » de la nuit étant le « signal d’une fête intérieure » pour le sujet.

samedi 26 août 2017

MOT DOUX


Sur mon ordinateur, je découvre ce soir, ferme et pudique, cette feuille de papier, pliée en deux, aux caractères lisibles et même appuyés : « Papa, je ve écrire un livre. SVP. »

jeudi 24 août 2017

MACHINES À DIRE


Les mésaventures de cet humoriste américain, et de sa machine à écrire, des douanes de l’aéroport à l’hôtel croisent par accident dans la mémoire et la lecture le scroll de Kerouac, le lien affectif au typewriter. Elles me rappellent moins à l’imaginaire de l’outil, de manière générale, et les amalgames qu’il engendre autour du concept d’écriture ; elles motivent moins le goût pour l’histoire des techniques, et l’histoire matérielle-culturelle du codex à l’internet (v. Roger Chartier) ; qu’elles n’activent très confusément une série de questions plutôt énoncées sur « l’autre » versant : le paléophone de Charles Cros, Villiers de L’Isle-Adam, les disques auditifs d’Apollinaire, le théâtre radiophonique, Perec au carrefour Mabillon, etc. Les ingénieries acoustiques du XIXe et XXe siècles, hantées par le modèle scripturaire (on inscrit, on grave le sonore, etc.). Des questions pending et pendantes dans les divers chantiers ouverts. Et par-delà certaines mises en scène fictionnalisées, l’importance de toutes ces machines à dire, au fond, le continu oral-écrit qui s’y déploie dans la variété de ses origines, de ses temps et de ses formes, sous quelque angle qu’on le prenne.