Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

vendredi 12 janvier 2018

LE MOT D'ESPRIT ET SES TRADUCTIONS

Je ne résiste pas au plaisir d'archiver cet encadré journalistique, lu dans Le Devoir (http://www.ledevoir.com/international/etats-unis/517455/trump-martele-qu-il-veut-une-immigration-au-merite), en date du 12 janvier 2018, suite aux propos sur les « shithole countries » du président américain, états africains, Haïti, etc. Humour et anthologie des métagloses :

Les médias du monde entier en mal de la bonne traduction

Le président américain Donald Trump a posé une colle inhabituelle aux médias du monde entier, tenus de puiser dans leurs lexiques les plus fleuris pour traduire ses propos, rapportés, sur les « pays de merde » (« shithole countries » en version originale).
Terme très vulgaire, « shithole » se réfère aux latrines extérieures pour désigner un endroit particulièrement repoussant.
Toute la difficulté pour les traducteurs consiste à reproduire au mieux la grossièreté du langage, mais aussi, parfois, à ménager la sensibilité du public, selon un florilège rapporté par les bureaux de l’AFP.
En français, de nombreux médias, dont l’AFP, ont retenu la formule très crue de « pays de merde », proche du sens littéral et conforme au style souvent sans fioritures de M. Trump — qui a toutefois laissé entendre vendredi ne pas avoir utilisé l’expression incriminée.
Des dictionnaires bilingues comme le Harrap’s suggèrent toutefois des alternatives moins grossières, comme « porcherie », « taudis » ou « trou paumé ».
La presse espagnole est à l’unisson de la française avec « paises de mierda », des médias grecs introduisant quant à eux une nuance : « pays de chiottes ».
Aux Pays-Bas, le grand quotidien Volkskrant et une bonne partie de la presse néerlandophone esquivent la vulgarité en utilisant le terme « achterlijke », ou « arriéré ».
En Russie, Ria Novosti parle de « trou sale », mais le journal syndical Troud va plus loin avec « trou à merde ».
En Italie, le Corriere della Sera avance « merdier » (merdaio), et l’agence tchèque CTK choisit de son côté de parler de « cul du monde ».
Les médias allemands optent souvent pour l’expression « Dreckslöcher », qui peut se traduire par « trous à rats ». L’allégorie animalière est aussi de mise dans la presse serbe, avec l’expression « vukojebina », à savoir « l’endroit où les loups copulent ».
En Asie, les médias semblent davantage à la peine pour trouver le mot juste en langue locale, tout en évitant parfois de choquer.
Au Japon, la chaîne NHK a choisi de parler de « pays crasseux », l’agence Jiji utilisant un terme familier, mais pas forcément injurieux pouvant se traduire par « pays ressemblant à des toilettes ».
Les médias chinois se contentent en général de parler de « mauvais pays », évitant de reproduire l’expression originale dans sa grossièreté.
La version la plus allusive et la plus imagée revient sans conteste à l’agence taïwanaise CNA, qui évoque des « pays où les oiseaux ne pondent pas d’œufs ».

SAGA CÉLINIENNE


Après Angenot, Taguieff, Godard, etc., suite et fin (provisoire ?) de la polémique autour des « pamphlets » antisémites de Louis-Ferdinand Céline chez Gallimard : http://www.lemonde.fr/livres/article/2018/01/12/gallimard-renonce-a-publier-les-pamphlets-de-celine_5240776_3260.html. Celui-là aura quand même réussi ce coup d’être devenu une belle affaire « nationale » et même « internationale ». Aussi lourde et passionnelle que le cas Heidegger en Allemagne. S’il fallait encore douter des « pouvoirs » et des « effets » de la « littérature », comme on nous l’assène tant par ailleurs, on aurait au moins cette triste preuve par la négative.

lundi 8 janvier 2018

LIEUX DE LA THÉORIE


Je retiens en dernier lieu (qui est en vérité le premier) « la forme “ethnologique” » (p. 101) de la théorie, son coefficient nécessaire d’altérité et d’étrangèreté ; indépendamment même du « détour » par une « autre société » ou de la nécessité d’une « autre scène » (p. 82) pour rendre visible la rationalité occidentale : « sous le manteau de l’inconscient » (id.) freudien ; Lévi-Strauss ; l’Ancien Régime de Foucault ; la Kabylie de Bourdieu.

NOCTURNE


Beauté de l’observation métathéorique, pointant « le mythe du savoir » (p. 84), de tout savoir, révélée ici par une question interdisciplinaire (ethnologie / sociologie) : « Mais peut-être l’enjeu est-il différent et renvoie-t-il à ce que fait intervenir d’autre le geste par lequel une discipline se retourne vers le nocturne qui l’entoure et la précède – non pour l’éliminer, mais parce qu’il est inéliminable et déterminant ? Il y aurait théorie lorsqu’une science essaie de penser son rapport à cette extériorité et ne se contente pas de corriger ses règles de production ou de déterminer ses limites de validité. » (id.).