Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

vendredi 27 octobre 2017

CONDITIONS LINGUISTIQUES


De nouveau, à propos du rythme – chapitre célèbre et sujet philologique qui ont fait tant couler d’encre – la mise au point finale : que nous « métaphorisons aujourd’hui quand nous parlons du rythme des flots » et pour l’assimilation de la notion à « une théorie de la mesure » : « rien n’a été moins “naturel” que cette élaboration lente » (Problèmes, t. I, p. 335). Ce qui restitue à la définition admise son historicité et sa relativité – le point de départ étant le consensus lexicographique à cet égard, là encore. À l’image de « civilisation » dans le chapitre qui suit, l’enjeu consiste à reconstituer les « conditions linguistiques » (id.) d’un mot et des sens dont il se charge.

jeudi 26 octobre 2017

FIGURE, ATTITUDE, FORME, OPÉRATION


Les notions entourant le processus de subjectivation d’elles-mêmes demanderaient d’être clarifiées ; elles ont leur instabilité, elles procèdent sinon d’une hiérarchie du moins d’une organisation, apte à le qualifier ; ce que laisse entendre dans la continuité de champ positionnel : « Ces définitions visent je et tu comme catégorie du langage et se rapportent à leur position dans le langage » (« La nature des pronoms », p. 253) ; mais aussi : « Les termes mêmes dont nous nous servons ici, je et tu, ne sont pas à prendre comme figures, mais comme formes linguistiques, indiquant la “personne”. » (« De la subjectivité dans le langage », p. 261) – et on doit supposer une acception probablement substitutive de « figures » : ce qui vaut pour, tient lieu de, la catégorie de la personne ne préexistant pas au langage et aux formes qui l’instancient ; ou encore, après le fait de se poser comme sujet, « l’installation de la “subjectivité” dans le langage crée, dans le langage et, croyons-nous, hors du langage aussi bien, la catégorie de la personne » (id., p. 263) ; enfin, dans l’analyse de ce qui sera appelé « performatifs » avant que n’aient lieu la découverte et la discussion avec Austin, « l’attitude des locuteur » déjà signalée à propos des marqueurs de modalité, en lien cette fois avec « des verbes d’opérations » (id., p. 264). Cette série produit une impression comparable dans ce qu’elle retire à une saisie excessivement ou strictement formelle du phénomène discursif de l’individuation à la dynamique assemblage / ensemble pour la phrase.

mercredi 25 octobre 2017

ILLUSIONS À LEVER


Les mêmes procédures à revers des classements, des terminologies, des modes de penser en usage dans un cadre qui n’est guère mis en cause, en partant de ses limites, de ses apories : à propos de la « fonction jonctive » du verbe être, « nos langues familières nous font illusion sous ce rapport » (p. 189) ; ou pour ce qui concerne la phrase relative admise pourtant au rang de phénomène universel : « Nous n’examinons qu’en dernier les faits indo-européens, pour nous libérer d’une analyse traditionnelle et pour fonder la définition sur des critères d’une plus grande objectivité » (p. 209) – d’où le recours aux langues africaines, amérindiennes comme à l’arabe – la méthode est celle de l’excentration ou du décentrement : la compréhension se mesure à la distance produite, contre « le cadre traditionnel où ces faits sont immuablement rangés » (p. 214) et l’ethnocentrisme d’une syntaxe dû finalement au « modèle qui nous est aujourd’hui familier » (p. 215). Démarche identique à propos de la morphologie verbale et des divisions naturelles du temps ou du paradigme des pronoms personnels – qui donnent lieu aux analyses connues sur l’énonciation et à la corrélation de subjectivité et de personnalité je : tu. Contre « l’habitude » (p. 250), il s’agit de questionner ou « mettre en question l’évidence » (p. 258) certes mais dans le but de « faire reconnaître » (p. 277) un problème, des enjeux, de nouvelles articulations, c’est-à-dire une redistribution des données formelles de la langue, des langues. Au-delà du savoir introduit, changer les représentations.