Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

lundi 24 mai 2021

L'A PRIORI DU DISCOURS

    À la tendance obsessive et presque maniaque qui consiste à rapporter la moindre prise de parole à un a priori identitaire – identité sexuelle ou catégorisation de genre, appartenance ethno-raciale, etc. – le primat du ressenti et du vécu (seules les femmes sont légitimes à pouvoir parler des femmes, les Noirs des Noirs, etc., au vu de leurs conditions, de leurs expériences), il me semble qu’il n’est pas de meilleure objection que la théorie de l’individuation linguistique chez Benveniste. Dans ce cadre, l’identité ne préexiste pas à la langue et à l’acte individuel d’utilisation qu’est l’énonciation ; est je qui dit je, les rapports identité-altérité ne pouvant être posés extérieurement à la langue, qui instaure au contraire les termes de cette dialectique. Il n’est pas d’identité a priori mais une identité qui procède de l’historicité d’un discours – spécifique.