Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

mercredi 29 août 2018

CROISSANCE

Entretien de Patrice Chéreau, à propos d’Une autre solitude (1995) de Stéphane Metge, refus du théâtre filmé mais regard par contre légitime sur la fabrique d’une pièce, celle de Koltès en l'occurrence. Cette idée de voir « la croissance d’un comédien » – « un comédien grandir à vue d’œil, s’approprier petit à petit les répliques »– « chose émouvante » ; « comment ça naît, par quelles hésitations, par quels troubles on peut passer, par quelles impossibilités on peut passer, pour arriver au résultat que finalement les spectateurs voient. » Cette croissance est à l’image d’une vie ; mais elle se désigne comme un événement en progrès, incertain, un devenir qui est l’accès à la manière de l’acteur aussi, une expérimentation dans l'inconnu de soi.