Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

samedi 18 mars 2023

LE MINORITAIRE-NÉ

  Romain Gary et Mai 68, le continuum et les parallèles entre le Paris toutes tripes dehors et la marche des Civil Rights. Le sentiment qu’il se joue un moment de l’histoire, quelque chose en train de naître : « Il faudra que l’Amérique sorte de sa préhistoire et qu’un monde nouveau me permette enfin de mourir dans le soulagement et la gratitude de l’avoir entrevu. » (p. 214). L’autre scène : au moment de rejoindre la contre-manifestation gaulliste depuis les Champs-Élysées, le rejet des foules, de gauche comme de droite : « J’ai horreur des majorités » (Chien Blanc, p. 205). Travail de résistance et mise en scène de soi. Ethos. « Je suis un minoritaire-né » (id.).