Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

vendredi 17 mars 2023

EXTRACTIVISME

   Le propre de notre époque n’est pas la blanchité mais le blanchiment, le semantic bleaching. En leur multiplicité, les discours sont symptomatiques d’une culture en train, du dicible et du pensable d’une société, des catégories par lesquelles elle se représente et se signifie. La tendance à l’hyperbole, à la polysémie, et plus généralement au trope distingue certaines périodes troubles et turbulentes de l’histoire, notoirement la Révolution française. Viol, génocide, race, etc. Un autre cas est celui d’extractivisme : débat sud-américain sur les déprédations du capitalisme et l’exploitation des ressources naturelles, notamment autour de la forêt amazonienne (voir par exemple « Extractivism and Neoextractivism : Two Sides of the Same Curse » d’Alberto Acosta). Notion invitée et transférée aux pays du Nord selon leurs problématiques propres. Mais de là aussi : l’extractivisme culturel – qui assimile le concept de culture à un environnement avec ses biens ; l’extractivisme épistémologique, etc., selon les mêmes dérives sémantiques que pour l’appropriation. C’est souvent la question autochtone (et le mythe du bon sauvage n’est alors jamais très loin) qui autorise cette extension terminologique et constitue le trait d’union nature-culture.