Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

vendredi 10 mars 2023

LA LUTHÉRIENNE

  Dans l’ironie qu’il pratique, et qui n’épargne personne, non seulement l’Amérique haineuse du Sud, mais les Blancs liberal comme les activistes des Civil Rights, notamment ceux qui tentent de capter à leur profit la publicité qui entoure son épouse, l’actrice Jean Seberg, Romain Gary écrit : « Je n’ai jamais mis le nez dans les affaires financières de Jean Seberg. Mais j’observe, depuis mon arrivée, une bonne demi-douzaine de con-men, escrocs et picaros éternels, qui jouent à fond – et gagnent – en misant sur son double sentiment de culpabilité : celui de la vedette de cinéma, sans doute un des êtres les plus méprisés, parce que les plus enviés au monde, et celui de la luthérienne, cette apothéose du péché originel. » (Chien blanc, p. 39)