Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

mardi 27 avril 2021

L'EMPLOYÉE AUX STATS

     

  
 Le tableau philologique ne serait pas complet sans Kay Livingstone (1919-1975), activiste afro-canadienne et « broadcaster » (voir notamment son programme The Kathleen Livingstone Show). Surtout, elle préside en 1973 le premier National Congress of Black Women. En 1951, à Toronto, elle a déjà fondé la Canadian Negro Women’s Association. Il importe bien avant le déploiement de l’idiome intersectionnaliste de souligner que l’expression du minoritaire et du mineur se déploie ici selon les deux axes de la couleur et du sexe. (Racines d’une question.) Or plusieurs sources, dont The Canadian Encyclopedia, lui attribuent l’invention du terme « visible minorities » en 1975 (sans que j’aie pu reconstituer le contexte précis d’emploi). Presque dix ans s’écoulent donc avant que le rapport Abella n’adopte sa terminologie. À lire sur la dernière décennie les coupures de presse disponibles sur le web, notamment du côté anglophone (The Globe and Mail, The Vancouver Sun, etc.), ce qui est intéressant est que « visible minorities » se trouve régulièrement remise en cause comme catégorie sociodémographique pour décrire les réalités migratoires et le multiculturalisme de la société canadienne actuelle. Nous y voilà. Dernier mince détail, qui ne m’échappe pas dans la biographie du personnage : durant la guerre, Livingstone a travaillé pour le Dominion Bureau of Statistics à Ottawa… À quel poste ?