Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

mercredi 14 avril 2021

RACISME SYSTÉMIQUE ET SANTÉ

     Cela fait les gorges chaudes de la droite (voir le podcast Durocher / Facal). Et pour cause : le propre de cette sottise ambiante est qu’elle convertit les représentants des courants nationalistes et/ou conservateurs en héros des libertés publiques. Il y a deux jours, le département d’épidémiologie, de biostatistiques et de santé au travail de la Faculté de médecine et des sciences de la santé de l’université McGill publie donc une feuille de poste renversante à destination d’un professeur adjoint ou agrégé en… « racisme systémique et santé ». Voilà qui décoiffe en fait de modernité, n’est-ce pas ? On sollicitera par conséquent quelqu’un qui s’intéresse fortement « aux effets du racisme systémique ainsi qu’à son incidence sur la santé des populations et/ou aux interventions visant à améliorer la santé des populations racisées et à lutter contre les inégalités. » Où se confondent un postulat idéologique – non démontré – le racisme systémique, ce lieu commun du débat national – et la condition (en vérité sociale…) des « populations racisées ». Importance de ce pluriel. De fait, l’obsession racialiste-raciale laisse entendre à plusieurs reprises une perspective beaucoup plus pertinente : celle des « déterminants sociaux de la santé et l’évaluation d’impact », le milieu, l’habitat, les cellules familiales, le capital économique des individus, l’accès aux soins, la couverture médicale en lien avec les réalités virales. Mais le vrai justificatif advient avec l’évangile woke sur les « injustices historiques » et des affirmations sans base factuelle : « Le racisme systémique en Amérique du nord et ailleurs dans le monde, nuit à la santé à travers les nombreuses expositions physiques, sociales et économiques négatives » (en effet, et de nouveau : cela n’a rien en soi d’ethnique…) ; expositions « qui s’accumulent tout au long de la vie et d’une génération à l’autre ».  La preuve de l’amalgame initial apparaît à la fin de la fiche, par l’appel à des candidats ayant été possiblement formés en économie, en psychologie, en sciences sociales. Il reste qu’il convient de se conformer à la ligne à la fois managériale et dogmatique d’une administration, notamment à son plan de luttes contre le racisme anti-noir 2020-2025. Ce qui valide aussitôt une autre réduction : dans ce pot-pourri anti-scientifique, on sera passé de l’épidémiologie des inégalités raciales à la question noire, ce qui est aussi exclusif qu’inclusif. Mais dans lidéologie woke, « Noir » joue un rôle paradigmatique pour tous les opprimés. En plus de ses compétences médicales éminentes, le candidat devra donc faire montre « de son engagement à promouvoir l’équité, la diversité et l’inclusion dans ces activités. » Le discours de la bureaucratie dÉtat depuis la loi Duncan de 2017. Prêche et dogmatisme. Suit logiquement l’affirmative action : « la préférence sera accordée aux personnes noires. ». Il n’y manque plus que  l’intersectionnel.