Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

mercredi 7 avril 2021

RÉEMPLOI

   Le discours social qui s’est organisé autour de la cultural appropriation repose régulièrement sur la perspective (post-coloniale) du droit et du pouvoir. À ce titre, la question de Susan Scafidi ouvre d’emblée une fausse piste : Who Owns Culture ? Appropriations and Authenticity in American Law (Rutgers University Press, 2005). Il n’y a de culture, de cultures qu’à la condition de l’appropriation – sans quoi elles cessent d’être et de vivre. Les mettre dans le paradigme de l’avoir et du pouvoir, c’est les replacer exactement dans l’ontologie du même au « lieu de l’autre » pour reprendre Michel de Certeau, qui peut seul faire qu’elles se déploient au pluriel. La culture procède d’imprévisibles et constants réemplois – ce qui n’évacue nullement les problématiques de domination, d’occultation, d’assimilation, etc.