Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

mardi 27 avril 2021

MINORITÉS VISIBLES

   Tempête philologique sous un crâne. La simple question de savoir l’origine de cette expression canadienne, visible minorities, en usage dans l’administration fédérale, notamment pour les recensions et les classements de la population, avec des définitions précises à l’appui (Statistiques Canada). Pourquoi ? parce que ce qui s’entend dans le discours social, y incluant les productions savantes, c’est le possible transfert terminologique vers cet autre syntagme, « populations racisées », « personnes racisées » et finalement « minorités racisées ». Et il faudrait travailler ici sur les deux langues et leurs cohabitations-différences. Une simple recherche automatisée met sur la piste d’un sociologue parmi bien d’autres, Paul Eid, « La discrimination à l’embauche subie par les minorités racisées : résultats d’un test par envoi de CV fictifs dans le Grand Montréal » dans Diversité canadienne : les meilleures pratiques pour contrer le racisme en milieu de travail, vol. 9, n° 1, 2012, p. 76-81. Sans surprise : le terme « minorités visibles » est entré officiellement dans la langue administrative canadienne en 1984, soit deux ans après le rapatriement de la Constitution, à l’occasion du rapport d’une commission royale par la juge Rosalie Silberman Abella : Égalité en matière d’emploiLa question se resserre de nos jours en passant d’égalité à équité et déborde les problématiques entre immigration (économique) et minorités (ethniques). Les minorités racisées semblent se décliner dans une logique plus largement racialiste. Mais je ne serais pas surpris que l’expression soit pour finir légalement codifiée et se substitue aux minorités visibles sur le long terme. L’avenir le dira (s’il parle jamais…)