Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

dimanche 18 avril 2021

CODDLING

     Ai terminé Haidt et Lukianoff. Il me semble que leur tentative est capitale en ce qu’elle élargit la perspective au-delà du wokisme. Ce n’est pas tant la composante idéologique, ni même l’évolution de l’Identity Politics, qui fait dérisoirement naufrage aujourd’hui sous la forme de ce qu’ils appellent une « common-enemy identity politics » au lieu d’une « common-humanity identity politics » (mais identity sera toujours de trop – ce concept douteux)  ; ce n’est pas tant ces facteurs qui jouent incontestablement à leur niveau un rôle déterminant que les mutations plus complexes du cadre éducatif et sociétal sur la base du coddling, et d’une logique overprotective (aggravée pour la génération iGen par les médias sociaux), des mutations relayées par la « bureaucracy of safetyism » des universités. Ainsi se comprend que le wokisme a plutôt trouvé à s’y enraciner et plus exactement à se convertir en discours social, diffus et opératoire, coordonnant la revendication des « safe spaces » et les stratégies de censure à revers de la liberté académique et du free speech