Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

lundi 9 novembre 2020

SÉRIE

     Je veux dire : il y a bien sûr nécessité comme préalable – et en vérité condition au débat même – d’un regard philologique sur le mot ; mais le cadre est à son tour trompeur, qui laisserait penser une nouvelle fois qu’on ne s’occuperait que d’une unité isolée. Stop using it. Car s’il y a nègre – nen déplaise, et pour ne prendre ici que le cas du français, – il y a série et paradigme, c’est-à-dire système : nègrerie, négrifier, négrescent, négrier, négrité, négritie, négrure, sans oublier parallèlement les composés. Mais au-delà de la philologie, c’est à une non moins nécessaire poétique de nègre, et corrélativement à une poétique du Nègre que je pense comme levier critique contre la religion du signe – marqueur d’essentialisation de lidentité, des identités, de la culture, des cultures.