Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

dimanche 3 septembre 2017

...HIS OWN FUCKING SOUL...

Lettre-controverse de Kerouac à Sampas (25 mars 1943), à double pan, la position du poète comme artiste, l’écueil de la subjectivité et le travail de décentrement, selon une métaphorique qui a de nombreux relais dans les textes de la modernité (en partie recaptée par les exigences de l’expression romanesque) « distil myself off until only the artist stands—and observe everything with an unbiased, studious, and discriminate eye » (p.51) ; la question du socialisme et du progrès, doublée de la critique des Commies américains, et logique d’irréductibilité et d’indépendance : « I am a Leftist… I couldn’t be otherwise, I may not be a Party-liner » (p. 52).