Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

dimanche 27 août 2017

MANIE CRÉPUSCULEUSE


Au fil de la lecture (et ne devrait-on pas davantage parler de relecture(s), et d’une théorie de la relecture, d’un retour constant aux mêmes objets, aux mêmes pages, qui fait que l’on fréquente un nombre finalement assez restreint de livres, en essayant de les reprendre chaque fois d’un regard inhabitué), je relève dans le poème en prose de Baudelaire, « Crépuscule du soir », la littérale « manie crépusculeuse » (adjectif lui-même attesté comme rare par le TLF – qui cite les « rues crépusculeuses » dans la traduction des Histoires extraordinaires en 1856), parce que le crépuscule « excite les fous » – le « deuil profond » de la nuit étant le « signal d’une fête intérieure » pour le sujet.