Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

lundi 4 septembre 2017

IDIOLECTE


Peut-être ce qui fascine le plus, à la découverte d’une correspondance « intime », disons : a priori non destinée à la publication – le genre de la lettre privée-publique depuis l’Antiquité et les classicismes a ses repères – ce qui attire peut-être, supplice garanti pour l’historien et le biographe, et bonheur du simple lecteur, ce ne sont pas la trame des amitiés, les amours et les querelles, les humeurs et les dépressions, les événements affectifs et intellectuels, les hasards et les déterminations des rencontres ; ni même uniquement le continu qui unit l’expression personnelle au corpus déclaré et imprimé – mais sur un mode plus élémentaire, le flux de langue quotidienne, les manies verbales, les énoncés cryptés, les abréviations codées, les ressassements conceptuels, les références opaques, les desserrements rhétoriques, une manière lâchée-relâchée, un dire argotique, familier, vulgaire s’il le faut – bref : toute la charge d’un idiolecte.