Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

lundi 21 décembre 2020

Y VOIR CLAIR

      Dans cette controverse, je n’entends que trop bien le silence qui s’est installé – le silence de qui a peur. On est trop peu nombreux à parler. Sans évoquer des institutions qui se défroquent et se conchient dessus au moindre mouvement de contestation ou pulsion de censure ; je ne vois que trop bien que je n’ai prise que sur des morceaux – des questions aux marges desquelles je suis longtemps resté. Je le paie chèrement. Y voir clair pour vivre ce que je trouve intellectuellement intolérable. Y voir clair au risque des erreurs et des approximations. Ça ne compte pas lorsqu’on cherche. Y voir clair parce que si ce n’est pas tout à fait la première fois, je me prends en pleine gueule un problème. Sans effet dannonce. Et avec quelle brutalité.