Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

mardi 29 décembre 2020

COMBAT

    Échange il y a quelques semaines avec Michèle Monte, qui me signale un volume qu’elle a codirigé avec Émilie Devriendt et Marion Sandré pour la revue Mots (n. 116 / 2018), Dire ou ne pas dire la « race » en France aujourd’hui. Je repense soudain à Combat de nègre et de chiens dont on parle aussi. 1979. Mais à l’exemple de La nuit juste avant les forêts – ce récit de migrants marginaux sous-prolétaires qui peuplent les cités d’Occident – j’ai envie d’en retenir la même puissance « prophétique ». L’agôn et l’économie de la violence seraient les éléments les plus évocateurs aujourd’hui – le revers dans le drame de l’utopie assimilationniste que développe (non sans effets comiques bien sûr au cœur du cauchemar) la tirade de Horn lancée à Alboury, sa géographie et sa climatologie Nord/Sud. Est-ce qu’on n’y est pas précisément dans cet agôn, celui que développe aussi Dans la solitude des champs de coton entre le dealer et le client ? Et Koltès voulait un dealer noir (joué par Isaac de Bankolé dans la première mise en scène de Patrice Chéreau en 1986). Impressions qui me traversent en tous cas.