Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

dimanche 20 décembre 2020

BRÛLONS LES LIVRES

    Fahrenheit 451, et pour rappel une dystopie inséparable des années maccarthystes, le dialogue Montag-Beatty : « You must understand that our civilization is so vast that we can’t have our minorities upset and stirred. Ask yourself, What do we want in this country, above all? People want to be happy, isn’t that right? » Et plus loin : « Colored people don’t like Little Black Sambo. Burn it. White people don’t feel good about Uncle Tom’s Cabin. Burn it. Someone’s written a book on tobacco and cancer of the lungs ? The cigarette people are weeping? Burn the book. Serenity, Montag. Peace, Montag. Take your fight outside. Better yet, into the incinerator. » (Simon & Shuster Paperbacks, New York, 2018 [1953], p. 56-57). On pourrait allonger la liste : homme / femme ; straight / gay, etc. Autant d’identités qui arrêtent le multiple d’une culture, son historicité. Nous y voilà en tous cas – pour qui douterait que les livres ont vraiment le pouvoir d’éclairer notre présent.