Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

jeudi 1 octobre 2020

LE PETIT POINT FRAGILE

   La radio qui éructe de bon matin sur le bord de la table, au milieu des traînées de céréales, des assiettes tachées de confiture, du lait répandu sur la toile cirée. En attendant : Radio-Canada et les inénarrables fautes de français des animateurs de programme qui défilent dans les studios. On les corrige mentalement, par pur réflexe, mais on a de toute manière, et depuis fort longtemps, abandonné la partie : les habitudes syntaxiques de ces locuteurs sont aussi têtues qu’incurables. Une fois le calme et le silence revenus dans la maison, l’illusion sabbatique, peu durable, d’être à soi, à son esprit et à un travail intime que personne n’osera déranger. Autrement dit : celle de vivre une villégiature forcée. D’évoluer dans un point isolé et cerné du monde. Un point d’observation et d’écoute des spéculations épidémiologiques comme des péroraisons et improvisations politiques qui soufflent le chaud et le froid dans nos existences et croient pouvoir ainsi en disposer.