Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

mardi 13 octobre 2020

ACCESSOIRE

     Sur le trottoir opposé, parce que quelque voisin aura mis brutalement à la porte sa harpie, devenue au fil des jours décidément envahissante, celle qui lui cassait les oreilles jusqu’à l’intolérable, il y a une infinie et bien involontaire drôlerie à voir la police débarquer tout à coup, elle aussi masquée – portant l’accessoire du petit et moyen banditisme, passé au rang de stéréotype de la bande dessinée au cinéma hollywoodien ou aux westerns de Sergio Leone. Sil fallait une preuve que le monde est à lenvers... Après le départ des deux officiers, et la querelle entre amants vidée, le quartier petit-bourgeois retourne à la paix presque luxueuse qui est la sienne d’habitude. C’est au tour des ratons-laveurs de la déranger, en s’attaquant aux poubelles et aux jardins, le visage grimé et le corps rayé, comme fraîchement sortis dun pénitencier.