Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

mercredi 7 octobre 2020

LA TOUR DE LA LANGUE

     Dans les périples nombreux du personnage autour de l’aéroport de Mirabel – et ce qui fut le geste le plus violent d’expropriation – dénoncé dans le roman comme l’acte des Rouges – drame politique et tragédie sociale – l’ensemble mis en vain sur le marché pour 1 $ symbolique, et à présent pour partie détruit (l’aérogare disparue en 2014), connaît aux dernières nouvelles un regain d’activité – c’est la tour de contrôle qui passe au crible des métaphores, certaines plus convenues (l’analogie sexuelle par exemple) que d’autres (en phase avec le statut même du discours), et porte alors bien son nom : « Pendant que je regardais à gauche, vers le nord où s’étend la vaste tourbière, il contemplait rêveusement la tour de contrôle qui se dressait en l’air à droite de la route, rigide comme la norme de la langue française, et qui paraissait pousser irrésistiblement vers le ciel, comme un polype implacable. » (La Rageop. cit., p. 407)