Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

samedi 5 septembre 2020

TOUT L'UNIVERS

       Pessoa-Álvaro de Campos. « Salut à Walt Whitman » dans la section des grandes odes. L’élan à célébrer les Feuilles d’herbe, « Je sais que te chanter ainsi n’est pas te chanter – mais qu’importe ? / Je sais que c’est tout chanter, mais tout chanter c’est te chanter » (Œuvres poétiques, p. 275) vérifie – outre ici certains nouages ou accents particuliers : sensation-sensualité-homosexualité – l’ampleur impressionnante du barde américain pour les générations littéraires des années 1880-1920, les questions modernistes et avant-gardistes qu’elles agitent. « Tout l’Univers de choses, de vies et d’âmes, / Tout l’Univers d’hommes, femmes, enfants, / Tout l’Univers de gestes, d’actes, d’émotions » (ibid., p. 276).