Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

vendredi 18 septembre 2020

LE COMBAT BATROCHOMYOMACHIQUE

    Dans le montage panthéonesque et médiatique, rarement aura-t-on vu s’accumuler sur le mode risible autant d’ignorances et de sottises autour de deux figures majeures de la poésie française. D’un côté, réagissant à la pétition demandant le transfert des cendres de Verlaine et Rimbaud, les signatures du Monde (et non des moindres s'il vous plaît, on admire au passage, presque béat, leur lucidité extrême : Tahar Ben Jelloun, François Jullien, Antoine Compagnon, Michel Deguy, etc.) soutenant les thèses les plus régressives  et réactionnaires  à coups de stéréotypes (américanisation, bienpensance, communautarismehttps://www.lemonde.fr/idees/article/2020/09/17/la-pantheonisation-de-rimbaud-et-verlaine-releve-d-une-ideologie-bien-pensante-et-communautariste_6052526_3232.html ; de l’autre, signée par Frédéric Martel, la réplique du Point : https://www.lepoint.fr/culture/toute-l-oeuvre-de-rimbaud-est-marquee-par-des-preferences-homosexuelles-18-09-2020-2392531_3.php, qui circonscrit (et jugule) la lecture des œuvres à la question (homo)sexuelle et à l’approche gender – en soi légitimes. L’auteur d’Invectives eût aisément qualifié ces passes d’armes, véritable pièges de la controverse qui enferment le lecteur loin des œuvres, des exigences de la pensée et des rigueurs du savoir, de combat « batrochomyomachique », digne des comédies d’Aristophane… On ne s’ennuie pas. Le mieux est encore d’aller respirer avec Kristin Ross et Denis Saint-Amand : https://www.marianne.net/culture/rimbaud-et-verlaine-au-pantheon-une-idee-foncierement-sentimentale-et-macabre.