Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

dimanche 13 septembre 2020

CHOSES GORGÉES

      Trouvaille du traducteur et version en portugais à vérifier. Dans « Ode mortelle » Pessoa-Álvaro de Campos, je tombe sur « Choses gorgées, choses plus que gorgées, / Qui êtes ma tourbillonnante vie… » (Œuvres poétiques, p. 386). Et le registre en contexte est au cri. Mais l’expression est attachante par sa lourdeur physiologique, précisément, accompagnée du mot-caméléon  ou prototype de l’indéfini (« choses ») : mises en gorge et mise en voix – entre animalité et humanité, le terme pourrait parcourir toutes les gammes – criées, flûtées, chuchotées, marmonnées, braillées, expulsées, hurlées, cantillées, chantées, etc.