Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

vendredi 11 septembre 2020

MORPHÉE

      La suite à cette méconnaissance des textes, ce sont par exemple du côté de Verlaine les textes autobiographiques, polémiques, ironiques ou satiriques, qui entourent et accompagnent le glorieux défilé et l’entrée de Victor Hugo en 1885 dans le saint bâtiment républicain. Voir en particulier dans Les Mémoires d’un veuf, recueil paru cette même année chez l’éditeur Vanier, « Mon testament », pastiche de celui du maître ; « Lui toujours – et assez » ; « Monomane » ou « Panthéonades », etc. De quoi méditer sur les ritualités et la religiosité diffuse de la IIIRépublique en ses fondements laïques ; sur la place et le rôle du poète devant le peuple – et Verlaine se décrit moins en guide selon le mythe persistant – pré-quarante-huitard – très attaché au mage romantique qu’en Morphée prompt à hypnotiser et endormir les foules…