Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

mercredi 16 septembre 2020

PIANO ET LAMPE

    Tolstoï, Goethe et Pessoa oubliés sur le piano de bois, contre la troublante lampe-visage, artisanalement sculptée, dont les anciens ébrèchements et fêlures témoignent de maints périples familiaux, au cours desquels, yeux ouverts sur le néant et lèvres closes, elle aura suivi sans protester jamais. Enfoncés dans le fauteuil en face, on jouit absolument de son silence. On en savoure même la lumière douce au crépuscule. Elle condense tous instants sereins. Elle nous regarde. Chaque soir, elle auréole la musique, fluide ou heurtée. Les notes qui sortent de l’instrument sont loin pourtant de la paix bourgeoise qu’on trouve dans les tableaux de Degas ou de Renoir. Piano et lampe me sont devenus emblèmes intimes de l’oisiveté. Cherté de l’oisiveté, et qu’est-ce à dire, exactement ? j’y songe  l'évoquer plus tard.