Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

mardi 1 juin 2021

IDOLES D'ARGILE

   Cette phrase de Pierre Vallières dans sa préface d’août 1979 à Nègres blancs d’Amérique, « Écrire debout » : « De nos jours, les idoles pourrissent très vite » (Montréal, éditions Typo, 1994, p. 17). Cela me fait penser à cette autre remarque de Benveniste, en 1968, « Structuralisme et linguistique » : « Actuellement, cela me frappe beaucoup, on voit le XXsiècle se défaire, se défaire très vite » (Problèmes de linguistique française, t. II, p. 28). Mais on ne ne saurait si bien dire. Il convient dans certains cas, pour ce qui m’intéresse ces temps-ci, les penseurs de charmes, les faux prophète par exemple, de favoriser et même d’accélérer dans la mesure du possible ce pourrissement. Aider ceux qui s’éclipsent avec leur époque parce qu’ils sont la voix de leur époque – et rien d’autre que le discours social dont ils ont fait l’admirable synthèse. Sans portée singulière ni continue. Sans nul après.