Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

jeudi 24 juin 2021

LE SENS CRITIQUE

      L’impression à la lecture du contre-argumentaire de Nathalie Heinich, Ce que le militantisme fait à la recherche (Paris, Gallimard, coll. « Tracts, nº29, mai 2021), systématique et sans concession, qu’on m’enlève les mots de la bouche. Nombre de convergences sur les postures et impostures de la pensée actuelle, jusqu’à la conclusion – par sa justesse même, le sentiment désagréable, d’avance amer et inquiet, que je nourris depuis plusieurs mois en étudiant ce dossier côté nord-américain  : « Tout ce qu’on peut espérer est que le fatras de productions médiocres issues du militantisme académique finira vite dans les poubelles déjà bien pleines de l’histoire intellectuelle. Mais c’est toute une génération de jeunes chercheurs qui y aura perdu son temps, son énergie, et le sens même de ce que devrait être notre métier » (p. 42). C’est par ce sens du métier – que j’entendais que l’on commençât l’ouvrage, IA et moi. Ce que j’y entends aussi le plus, c’est la ligne de fond critique – critical, disposée dans nombre de labels épistémologiques / institutionnels, Critical Race TheoryCritical White StudiesÉducation critique, etc., très loin pourtant de la « théorie critique » telle que la concevaient Horkheimer et Adorno, une source souvent rappelée (Lindsay & Pluckrose, Roza, etc.). Or là où l’on clame et proclame le geste critique, il s’agit bien plus d’une interprétation dogmatique et idéologique. Au-delà du sens du métier, le sens critique donc à opposer. Et en conséquence : le nœud critique et éthique. Contre les niaiseries conformistes du temps.