Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

vendredi 18 juin 2021

L'ÉCHELLE D'OBSERVATION

      The Equity Myth précisément. Au chapitre de l’« everyday racism », la nécessité de « listen to the “voices” of racialized and Indigenous faculty members in Canadian universities » et, en conséquence, de capter les « experiences, perceptions, and opinions » (UBC Press, 2017, p. 115) des sujets concernés. Dans cette optique, et bien que les formes diffuses et invisibles en soient difficiles à définir, le racisme est posé (idéologiquement) comme « the normal fabric of life in academy » (p. 117). S’il s’agit encore de rapporter des « small slights and acts designed to make racialized and Indigenous faculty feel unwelcome, unrepresented, and often invisible » (p. 116), il en découle moins une définition conceptuelle qu’une approche descriptive – opérant par extension : « behaviours; anecdotes; sexualized, ethnicized, and racialized jokes ; inappropriate glares and gestures ; and forms of speech  » (id.). Ainsi entre-t-on aussitôt dans une typologie, ce qui explique plus loin la reprise du terme « micro-aggressions » (p. 126) de Derald Wing Sue (cf. Microaggressions in Everyday Life: Race, Gender, and Sexual Orientation, 2010), dont la validité a été maintes fois discutée sinon contestée. D’un côté, et c’est le plus pertinent, l’inventaire des violences ordinaires ; de l’autre, l’absence d’outils pour les penser, d’où la prégnance du modèle narratif et des témoignages, qui ne parviennent pas à nous sortir du régime des « thoughts and feelings » (p. 115) – le ressenti et le « vécuisme » de nouveau. Les auteures ne sont pas capable en conséquence d’introduire des distinctions élémentaires entre les maladresses, les offenses, les observations malveillantes, les comportements vexatoires, directs ou indirects, etc. L’échelle d’observation (« small », « micro ») me semble exiger des mesures et des instruments fins et précis – pas des termes de marketing, qui nourrissent la novlangue des bureaucraties diversitaires.