Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

jeudi 24 juin 2021

MALENTENDU

     L’étrange réduction répandue qui ressortit autour de « woke » au malentendu, et qui consiste le plus souvent à l’évaluer à l’aune du militantisme associatif et de Black Lives Matter. Enregistré en 2017 dans l’Oxford English Dictionary, le mot est envisagé positivement et conserve activement cette valeur en désignant toute personne sensible (“éveillée”) à la justice sociale, avant de capter des traits négatifs, en partie dus aux effets d’orthodoxie voire de sectarisme associés à ce courant de pensée : « The origins of woke, in this context–as forged by African American communities–dates back at least to the 60s, but its mainstream ubiquity is a recent development. Fuelled by black musicians, social media and the #BlackLivesMatter movement, the term entered the Oxford English Dictionary only in 2017, by which time it had become as much a fashionable buzzword as a set of values. » (The Guardian, 21.01.2020). Il n’est pas vrai que l’acception péjorative soit imputable uniquement à la rhétorique de droite. Elle apparaît chez des représentants de la gauche (libertaire, marxiste, sociale-démocrate) qui, en plus de la compétition idéologique, perçoivent dans ce nouveau mouvement un risque de déclassement. Surtout, le courant woke se trouve représenté à une large majorité par les populations blanches, citadines, diplômées et progressistes composant les sociétés à dominante anglophone (États-Unis, Canada, Australie, Royaume-Uni). L’erreur fréquente est de l’associer aux BIPOC et autres « racialized minorities » comme on dit désormais. Par ailleurs, à l’université spécialement, l’activisme « woke » n’a rien pour surprendre en soi. Il s’inscrit dans une tradition des radicalismes, dont les rhétoriques et les modes d’action font penser à celles des staliniens dans les années 50-60 ou celles des maos dans les années 60-70 par exemple. Enfin, aux États-Unis par exemple, les nombreux incidents ayant donné lieu à des demandes de pressions, de censures, de bannissements en tous genres ont été enregistrés en priorité sur les campus progressistes de l’Ouest (Oregon, État de Washington, Californie) et de la Nouvelle-Angleterre, beaucoup moins au Sud et dans le Middle West par exemple.