Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

jeudi 25 mai 2023

REPÉRAGES

 D’abord, Murielle Chatelier, « Le business de l’antiracisme » (La Presse, 25.05.2023), le discours (ou contre-discours) commence à avancer en ce domaine ; ensuite, le numéro 15 en ligne de Circula – revue d’idéologies linguistiques, « Regards linguistiques sur les mots polémiques » (dir. Geneviève Bernard Barbeau & Nadine Vincent), exactement ce que je cherche depuis un bout de temps : des études sur « woke », « racisme systémique », « Indien/Autochtone », etc. J’aimerais trouver l’équivalent côté anglo-canadien ou américain. Chute libre, en revanche, du côté de la Grammaire pour un français inclusif de Dupuy, Lessard, Zaccour : rare concentré de sottises et d’incompétences étalées (avec arrogance en plus), sans parler des approximations sur l’histoire de la langue française, confusions méthodologiques et même métalinguistiques, « radical », « déclinaison » et « racine » utilisées en morphologie dérivationnelle, primat du communicationnel, « outils » et « stratégies ». Enfin, au chapitre du charlatanisme intellectuel, dans le même registre, le volume de Raphaël Haddad aux éditions… Le Robert, geste éditorial signifiant : L’Écriture inclusive, et si on s’y mettait ? – avec les contributions notables de politistes (Clément Viktorovitch), de sociologues (Réjane Sénac), d’écrivains (Marie Darrieussecq), de littéraires (Éliane Viennot), de linguistes qui se présentent comme expérimentales (Céline Pozniak), sans oublier le paradigme communicationnel managérial-entrepreneurial, bien évidemment. Toujours intéressant de voir la langue et les regards sur la langue en révélateurs des modèles politiques de l’individuation, des imaginaires qui les accompagnent, notoirement de la question du commun et des minorités. En lisant cette manière de solder l’exigence minimale des savoirs, on ne peut s’empêcher de penser aux belles années de Tel Quel et du maoïsme fleurissant. D’emblée datées. Néo-post-gauche très darrière-garde. Les droites ont un magnifique boulevard devant elles, cest déprimant.