Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

dimanche 21 mai 2023

ÉLITE MONDIALISÉE ET ÉTAT POSTNATIONAL

  Un des points troublants, en dépit même de l’extension du phénomène, c’est probablement le fait que la promotion de l’EDI est la plus active dans le domaine universitaire et sans comparaison avec nul autre milieu. Il y a nombre d’explications à cette particularité – notoirement des raisons théoriques et idéologiques. Mais il me semble que la sociologie universitaire est un facteur déterminant. La « mondialisation de la pensée critique » (Keucheyan, Hémisphère gauche, p. 27) procède à même la diversité culturelle du personnel recruté, les politiques qui portent à premier vue ce nom y rencontrent un terrain spontanément favorable ; et cette question est inséparable de la cartographie des nouveaux savoirs depuis les trente dernières années, les mécanismes de diaspora intellectuelle, du côté des penseurs du postcolonialisme et du « subalternalisme » spécialement ; le rôle bien connu de captation des modèles universitaires nord-américains et les ressources du capitalisme. Il y a des variables, mais pour ce qui regarde les établissements les plus tournés vers l’international et un paradigme intensive research, on parle d’une élite mondialisée, c’est-à-dire celle à qui la mondialisation – culturelle-économique (et j’en suis moi-même incontestablement le produit) a le plus profité, ou celle qui a en le moins souffert, disons (à la différence du monde ouvrier ou même des cadres d’entreprises – voir les problématiques de décentralisation d’usines à l’étranger, la recherche de main d’œuvre à moindre coût, etc.) – une élite qui pour ces raisons peut spontanément se reconnaître dans des mots d’ordre politiques comme celui du Canada-premier-État-postnational par exemple. Il y a un noyau ici, il me semble.