Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

dimanche 14 mai 2023

PROPOSITION DE LOI THIÉRIOT

   Geste intéressant venu de la France, et d’un député de droite, Jean-Louis Thiériot (UMP-LR), « Proposition de loi n 1199 visant à protéger l’intégrité des œuvres des réécritures idéologiques ». Le move est d’emblée défensif, et se donne comme antithèse du modèle britannique. Il s’énonce sur deux plans : le premier est universel, « des œuvres du patrimoine culturel de l’Humanité » qui seraient menacés de disparition sous l’effet d’une « philosophie de l’effacement » (cancel culture), la pression du mouvement woke (wokiste, dans le texte) ; le deuxième est national, et il trahit de lui-même les limites de l’action politique, « si nous ne pouvons pas évidemment interférer dans la législation britannique sur le droit moral des auteurs », et les exemples donnés sont Dahl et Christie. Le point de butée, c’est donc la culture comme concept et réalité radicalement transnationales. L’autre aspect, c’est la démarche de préservation et de conservation (qui n’est pas moins idéologique…). La culture est envisagée dans la perspective du patrimoine. Dans tous les cas, l’objectif de la mesure est « que le droit de repentir et de retrait ne se transmet pas aux héritiers du droit moral de l’auteur ». Il y a deux éléments intéressants pour une théorie du langage et de la littérature : la question de la « relecture en sensibilité » et la question de la « réécriture idéologique ». S’il est fait mention des œuvres en général, à quelque champ qu’elles appartiennent, le point de référence demeure toujours la littérature – avec cette difficulté majeure que la réécriture qualifie l’ordinaire même des créations, leur fonctionnement empirique. À ce titre, la proposition pourrait poser plus de problèmes quen résoudre. Sans même évoquer les conséquences juridiques.