Les EDI représentent le mirage progressiste de nos sociétés, et des universités particulièrement. Elles résultent de trois forces : l’État et la tradition légale ; le marché et l’idéologie de la productivité ; les luttes sociales. C’est le paradigme managérial qui unifie ces trois dimensions et les rend poreuses les unes aux autres. Dans cet ensemble, j’ai longtemps sous-estimé le troisième terme de la triade, sans doute parce que je ne le comprenais pas bien. Bien sûr, son lien au design, aux agences de publicité, qui vient d’ailleurs détourner des emplois progressistes dans les philosophies de l’éducation et la pédagogie. Mais c’est surtout la 3e vague du paradigme managérial après l’égalité et la diversité. Au reste, la diversité et l’inclusion se donnent comme des continuatrices des Civil Rights, mais cela tient amplement du mythe. L’inclusion consacre ce qu’on pourrait appeler un management « progressiste », fondé sur une recaptation des thématiques et des concepts de la justice sociale par le marché, qui explique que la firme McKinsey parmi d’autres peut parler classisme, intersectionnalité et cie, et même déclarer qu’il faut se mettre dans une « social-listening approach » avec les employés (ce qui permet de couper l’herbe sous le pied aux syndicats). Mais cette version convient parfaitement aux universités, notamment les plus gestionnaires d’entre elles.
"L'écriture doit se ressentir de cette impatience, de cette obligation d'aller vite et en être un peu négligée" (Marguerite Duras, Outside, 1980)
Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.
Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.
D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.
Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.
Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.
Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.
Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.