Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

lundi 5 septembre 2022

LIBERTÉ UNIVERSITAIRE ET JUSTICE SOCIALE

    Après une absence de deux mois, il est temps de renouer le fil des lectures. En commençant peut-être par soi-même puisque l’ouvrage est à paraître cette semaine : Isabelle Arseneau et Arnaud Bernadet, Liberté universitaire et justice sociale, Montréal, Éditions Liber, 2022, 88 p.




Tentatives de censure. Conférences annulées. Accusations de racisme. Menaces contre des enseignants. Depuis plus d’une dizaine d’années, les universités semblent aux prises avec la cancel culture et un nouveau courant de justice sociale (autrement appelé «woke», terme galvaudé s’il en est). Le Québec n’échappe pas à cette poussée morale qu’il associait jusque-là aux sociétés voisines. À la suite de «l’affaire Lieutenant-Duval» qui a éclaté à l’université d’Ottawa et d’autres incidents révélés dans plusieurs institutions de la province, le gouvernement a adopté le 3 juin 2022 une loi destinée à reconnaître et protéger la liberté universitaire. Ainsi, il est permis de dire que c’est entre ces deux termes, liberté universitaire et justice sociale, que s’est fixé et par là aussi simplifié le débat qui anime aujourd’hui le monde de l’enseignement et de la recherche. Peut-on subordonner la liberté universitaire à la justice sociale? Les opposer? Ou favoriser l’une au détriment de l’autre? Autant de questions fondées sur des amalgames, qui dissimulent souvent eux-mêmes une vision managériale du monde universitaire. C’est à défaire cette fausse alternative que s’attache cet essai en déjouant les prises de position polarisées et en redonnant tous leurs droits à la critique et à la nuance.