Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

lundi 5 septembre 2022

MÉLO

    Sur écran miniature, dans le décalé du temps, des mois après sa sortie en salle, le long métrage d’Emmanuelle Bercot : De son vivant. Magimel sublime, Deneuve, Cécile de France. Le pari absolu du pathos avec ses risques. Le resserré chronologique de la mort – qui a valu bien des réminiscences. Perception mitigée. D’un côté, l’excès larmoyant jusqu’à l’écœurement. De l’autre, la vision juste : l’insistance sur certains gros plans, la poignée de porte – l’espoir du mourant que quelqu’un vienne. Les séquences de théâtre – mise en abyme de la perte de l’autre, distanciation, confusion ou dédoublement entre le rôle de l’art et la vie elle-même dans sa composante tragique – sensualité éperdue des corps, maladresses d’acteurs, trouver les corps et les mots. Le régime de l’émotion – sa retenue aussi. L’absence d’aspérité, qui use de la mort comme d’une résolution, qui tend surtout à lisser le récit jusqu’à l’irritable (la métaphore à laquelle recourt le médecin : mettre de l’ordre avant de mourir – et dans ce lien au malade, il subsiste quelque chose de religieux) ; à part l’histoire du fils et le rôle de la mère ; le bras tendu, le film est dans la réconciliation, il ré-harmonise ; le milieu soignant aussi, vu positivement mais sans les mesquineries, les usures, les conflits, les merdes, les grisailles, les dominations. En bref : on est dans le parti pris d’un hymne à l’amour. Mais cela ne laisse pas dans l’indifférence. Le « mélo », genre revendiqué par la réalisatrice pour enseigner à vivre.