Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

vendredi 23 septembre 2022

SIGNAUX CONVERGENTS

      À l’occasion des élections provinciales, je tombe en furetant sur le Cahier Projet National du Parti Québécois (avril 2022). Un point en particulier retient mon attention, la section « Protéger la liberté d’expression au Québec » (p. 9-10). Se trouvent ciblées notamment les menaces potentielles exercées « par des groupes qui cherchent non plus à s’opposer et à débattre dans le respect, ce qui est nécessaire dans une démocratie, mais tout simplement à censurer ou à annuler une idée divergente de la leur. » Il est question de « dérive sociétale » et de ses conséquences sur la démocratie, et du « virage idéologique du Canada » sans que les thématiques décolonialistes ou autres soient nommées. Plus loin, il est proposé de « lutter contre la culture de l’annulation, notamment en privilégiant la contextualisation » (en sous-texte : Vallières et Nègres blancs d’Amérique, évidemment). Les exemples invoqués sont circonstanciels, issus des milieux scolaires et universitaires et, à cette date, la loi 32 n’a pas encore été adoptée. Mais le Cahier Projet National précise que le parti aspire à « mettre en œuvre une loi-cadre protégeant la liberté d’expression », notamment en obligeant « les cégeps, les universités et les médias publics à se doter d’une politique en matière de liberté d’expression ». Ce qui semble relever d’un surencadrement légal, la charte québécoise protégeant déjà la liberté d’expression (art. III). Un élément est passé sous silence, qui exige par contre de légiférer : ce sont les médias sociaux avec les dérives connues (censure, diffamation, appels à la haine, etc.) Un dernier élément est la volonté de « promouvoir la diversité intellectuelle du corps professoral des établissements d’enseignement supérieur. » Voir mes posts précédents, Haidt et Lukianoff et notre Mémoire (p. 13) avec IA. On se demande comment ; cette diversité est aux mains des universités et des professeurs, et doit le rester, la question ressortit typiquement au principe d’autonomie dans lequel on ne saurait faire ingérence. L’autre versant, celui de la diversité socio-économique, ethnique et culturelle du public étudiant et du professorat est en l’état beaucoup plus préoccupant, on est encore loin du compte, et le document ne dit mot à ce sujet. L’essentiel est encore ailleurs. Entre ce document du mois d’avril, le colloque du Bloc Québécois « Liberté sous conditions » (4 juin 2022), organisé par le député fédéral Martin Champoux, et l’annonce par les deux premiers ministres F. Legault et J. Castex de la chaire France-Québec sur les enjeux contemporains de la liberté d’expression dans le cadre du FRQSC (Programme Libex), les signaux sont convergents. De la gauche à la droite, ils viennent de familles politiques relativement proches – réactivité francophone aussi.