Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

mardi 13 septembre 2022

QUADRILLAGES ET BRACONNAGES

   Synthèse éclairante de Romain Badouard, Les nouvelles lois du web. Modération et censure (Seuil, coll. « La république des idées », 2020), dont le point de départ est le « paradoxe démocratique », celui d’une libre circulation, mais aussi démultiplication et mises en réseaux de la parole ; celui en retour des « pouvoirs de limitation, de filtrage, de blocage » (p. 11). Une telle dialectique s’énoncerait autrement dans les termes d’un « quadrillage » (Foucault) et d’une prise de parole – les réappropriations, les lectures traversières ou les « braconnages » (De Certeau) du consommateur, scripteur ou lecteur numérique. Importance pour finir de la « privatisation de la censure » et, ce qui lui est corrélé, les antagonismes entre les entreprises de communication et les États qui ont appris à leurs dépens (et continuent d’apprendre) à légiférer ; en regard, le rôle de ce que Badouard appelle la « censure participative » et l’engagement de la société civile dans les processus de régulation de la libre expression.