Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

dimanche 25 septembre 2022

CINÉ-TRAGÉDIE

    Athena de Romain Gavras (2022) : le mécanisme de la tragédie classique, la mort inaugurale d’Idir, l’enfant et le petit frère (et son ressort stéréotypé alliant la victime et l’innocence) ; l’enchaînement absurde et ses multiples péripéties fondées sur le principe de l’accident qui conduisent au dénouement fatal, une sorte de piège qui se referme progressivement sur chacun des personnages, processus que double la dynamique de la vengeance ; l’unité de lieu autour de la cité et la cohérence des différents plans-séquences ; l’unité de temps et le resserré chronologique, marqué par le déclenchement de l’émeute, l’évacuation des familles, et l’assaut des CRS puis du RAID. Dans ce long-métrage qui ne laisse à aucun moment respirer le spectateur, la dominante est cependant à une esthétisation continuelle de la violence – celle des émeutiers et ce qui s’y rapporte : les antagonismes sociaux et raciaux ; la répression d’État et la brutalité policière, sur un fond qui noue autour du malentendu la proposition artistique à la dimension politique, notoirement l’affrontement entre les cités (entre pauvreté, religion, terrorisme et dépossession culturelle) et la république. Sans parler des raccourcis simplistes dans le traitement de ces anti-héros. Entre le drame social et les effets de vidéo-clip.