Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

mercredi 18 juillet 2018

VIRTUOSITÉ

Ishiguro suite. Entre reprise et interruption, chaque ligne narrative s’inachève, renouée en contrepoint, plus loin, à l’occasion d’un dialogue sur le plan d’une autre ligne, etc. Les micro-événements s’accumulent. Virtuosité. Qui explique sans doute que le lecteur tienne jusqu'au point d'aboutissement, se trouve systématiquement mis en attente de l'après, même si la logique de la fin est déjouée. Et l’analogie musicale est manifeste dans un récit qui en prend en charge l’univers. Je suis moins sensible à la distance, à la satire des mondanités culturelles comme aux effets d’humour réglé-décalé à ce sujet – moins francs que dans la veine british, et néanmoins efficaces.