Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

jeudi 26 juillet 2018

INSTANTS PRIVILÉGIÉS

Revu il y a deux jours Un long dimanche de fiançailles de Jean-Pierre Jeunet. Souvenir d’abord des trouvailles qui m’avaient étonné dans le roman de Sébastien Japrisot – sans être un texte de génie – des beautés, des instants privilégiés, très certainement. Côté film, et des pans du récit sont dûment préservés, rôle de la voix off, si l’on passe sur la surdimension (et les moyens financiers et logistiques qui sont allés avec), au reste l’historicité 1917 – et jusque dans nombre d’infimes détails – plante visuellement le spectateur sur place, on peut toujours s’irriter de la qualité photographique qui concentre la manière de Jeunet, sa pâte ou sa griffe, du travail « Belle Époque », et on y puise un inavouable plaisir de reconnaissance documentaire ; il est certaines scènes merveilleuses : les blés soufflés par le vent autour de la charrette, à l’arrivée des gendarmes qui envoient au front le paysan de la Dordogne ; les pluies qui s’abattent sur les boyaux et les cases des soldats, champs et contre-champs ; la séquence terminale entre Mathilde et Manech, au rythme lent et boiteux, incrédule et affolé du personnage, bruissement des feuilles et musique d’Angelo Badalamenti (qui avait déjà composé pour La Cité des enfants perdus).