Ces papiers d'Amérique(s) sont aussi à leur manière les papiers d'un jour.

Un journal, peut-être ? Un carnet, plus sûrement. Des notes et des impressions. Des textes gouvernés par la circonstance. Improvisés quand il faut. Mal écrits souvent, à la hâte ou sur le vif.

D’une intention encore mal éclaircie. Ils (se) cherchent moins quelque patronage littéraire qu'à découvrir cette intention.

Des papiers, encore. Drôle de matière. Moins emblème que dissonance, lorsqu’on les mesure à leurs ponctuations numériques. Il arrive toutefois qu'ils s’accordent avec le sens qu'ils possèdent en langue anglaise. Ils (re)deviennent alors une catégorie du discours.

Ce sont généralement plutôt des brèves, des citations ou des gloses. Des bouts d'expérience, qui deviennent par accident métaphores. Des morceaux d'actualité. Et pour tout dire, les digressions y occupent le centre.

Les dates qui leur répondent, aléatoires ou affectives, ne tiennent elles-mêmes que de fendre un peu des événements de nature très diverse, intimes ou publics, quelconques - incertains.

Pour l'essentiel, tout y est vu d'ici.

mardi 17 juillet 2018

DÉDALE CONVERSATIONNEL

Étonnement à lire – en traduction – The Unconsoled / L’Inconsolé (1995) de Kazuo Ishiguro, la rareté du récit ou plus précisément cette progression narrative de quelques jours à peine entièrement fondée sur le « hasard » des rencontres, les détournements qu’elles exercent sur le personnage-focus, Ryder le pianiste renommé. Chaque échange qui tient bien davantage du monologue voire de la tirade est l’occasion d’un nouveau cheminement et il se noue intégralement mais concrètement aux errances et aux déambulations du héros dans la ville. Autant d’obstacles comme de révélations, qui mettent à plein régime la parole. Sa dynamique se nourrit à la fois de la coupure et du flux, par la contrariété – si l'on veut, la parole advient en contrariant de manière répétée sinon régulière les desseins de la narration à laquelle elle contribue paradoxalement. Le dédale conversationnel y donne l’impression (provisoire) d’un jeu constant de digressions qui sans cesse reconduisent le lecteur au centre.